Acquisition d'un portrait et de deux dessins de Félicien Rops

C'est sur une excellente nouvelle que se termine l'année 2024. Trois pièces inédites viennent de rejoindre les collections de la Province de Namur, pour être valorisées et étudiées au musée Félicien Rops

La première, Portrait de Félicien Rops à 25 ans, est une photographie de l'artiste prise vers 1858-1859 par son ami Armand Dandoy. Peintre, photographe de la bourgeoisie namuroise et pionnier de la photographie d’art en Belgique, Armand Dandoy (1834-1898) rencontre Félicien dès sa plus tendre enfance, lors d’un déménagement familial en 1841 en face de la maison des Rops. Débute alors une longue amitié, parfois mouvementée, qui perdurera jusqu’à la mort des deux hommes en 1898. Armand ouvre son studio à Namur en 1856. Il collabore d’abord avec son frère Héliodore (1831-1909), « Hély pour les Liégeois », puis se lance seul au service des Namurois en 1862. Habitué du château de Thozée près de Mettet, il est probablement le premier à photographier Félicien et sa famille et continuera de le faire durant des années, tout en réalisant des photogravures des oeuvres de son ami. Cette photographie inédite, retirée entre 1902 et 1914 par Edmond Rosbach, ancien collaborateur et repreneur du studio Dandoy, rejoint la collection de portraits de Félicien Rops conservée par le musée et récemment mise en avant à l'occasion de l'exposition-focus "Félicien Rops en portraits".

La deuxième, Les Framboisy, est une pièce tout à fait exceptionnelle et rare dans la production de Félicien Rops. Ce dessin à la pierre noire, au crayon graphite et au crayon gras est une oeuvre de jeunesse de l'artiste, et plus précisément une version préparatoire (ou copie postérieure) de la gravure Les Framboisy V parue, le 23 novembre 1856, dans le n°43 du journal Uylenspiegel, journal des ébats artistiques et littéraires.

La troisième, enfin, est affiliée à la désormais célèbre série des Cent légers croquis sans prétention pour réjouir les honnêtes gens. Produit entre 1878 et 1881 pour le bibliophile parisien Jules Noilly, cet ensemble de 114 dessins compte en parallèle plusieurs études préparatoires et semble avoir été complété par la reprise de dessins non aboutis réalisés par Félicien Rops avant 1878. Étude pour Le Retour imprévu en est un exemple. Dessiné en 1874, ce croquis  à la pierre noire, au pastel, à la craie blanche et avec rehauts de crayon de couleur nous donne quelques indices quant à la composition du dessin final, qui demeure aujourd’hui encore inconnue. Ce témoignage est donc extrêmement précieux pour la documentation de cette série ô combien importante dans l’œuvre ropsienne.

Ces trois oeuvres seront étudiées, restaurées et prochainement valorisées à l'occasion d'expositions temporaires au musée Félicien Rops. 

Thomas CLEEREBAUT - Conservateur adjoint, responsable des collections