Focus #20 - Cent légers croquis sans prétention pour réjouir les honnêtes gens
En 1878, le bibliophile parisien Jules Noilly propose à Félicien Rops la réalisation d’une vaste comédie humaine : cent croquis de moeurs qui dénonceraient les hypocrisies bourgeoises du temps. Rops se met à l’ouvrage et nomme modestement ce projet "Les Cent légers croquis sans prétention pour réjouir les honnêtes gens". En fait, plus que des croquis, les dessins que l’on a conservés sont des oeuvres abouties dans lesquelles Rops rivalise de prouesse, utilisant toutes les techniques qui sont à sa disposition : crayon, pastel, aquarelle, estompe, gouache… Rops mettra plus de trois ans à compléter cette importante suite. Il réalisera 114 dessins, que Noilly rassemblera en deux albums composés d’un frontispice, d’une postface et de dix dizains, préludes à dix dessins. Rops écrit à Noilly en 1878 : « Je ne tiens à produire que pour quelques personnes avec lesquelles je me sens en communion de pensée, qui ont les mêmes vues artistiques relativement à notre époque et à la modernité, et qui jugent de la même façon les hommes, les femmes et les choses de notre temps », signifiant par là qu’il ne crée que pour une élite capable de comprendre son oeuvre. L’ensemble des 114 dessins montés sous passe-partout bleu clair et relié en plein maroquin rouge par Marius Michel sera dispersé après la mort du bibliophile. Les dessins seront alors vendus à la pièce. Le musée Rops tente de rassembler ces œuvres depuis les années 1990 et en conserve actuellement près d'une trentaine, dont certaines mises en dépôt par des collectionneurs privés ou des institutions. Il possède également nombre d'œuvres en rapport avec la série (gravures, dessins préparatoires, calque, grands formats et pièce textile) à découvrir ci-dessous.
Thomas CLEEREBAUT et Camille PROVINS, avec texte de Véronique CARPIAUX - Juillet 2022