Acquisition d'une huile sur toile, de lettres et de croquis de Félicien Rops

Acquérir de nouvelles œuvres, enrichir ses collections, est l’une des nombreuses missions d’un musée. Ses buts ? Faire évoluer la recherche scientifique, préserver ce patrimoine pour les générations futures et l’exposer au public à l’occasion d’expositions, de publications ou autres évènements culturels. Le musée Rops ne fait pas exception et acquiert régulièrement de nouvelles pièces, liées à l’œuvre et à l’histoire de son artiste phare : Félicien Rops. 

Ces dernières semaines, ont ainsi rejoint les collections du musée, deux nouvelles lettres, destinées à rejoindre à terme l’édition en ligne de la correspondance de l’artiste namurois sur le site ropslettres.be. La première, a été écrite à un inconnu en 1891. Bien qu’elle évoque Paris et les « filles de Wallonie », celle-ci devra encore livrer tous ses secrets. La seconde, plus intime et datée de 1887, est adressée à J. Pradelle, un critique marseillais que Rops mentionne régulièrement dans ses autres lettres : « J’ai un ami à Marseille : Pradelle, rédacteur littéraire au Sémaphore ; – beaucoup de talent, – du vrai. S’est enterré dans ce tombeau lumineux de Marseille. […] Pradelle est nécessaire à voir, car c’est lui qui tient « le sceptre » de la critique littéraire de là bàs […] ».

La collection d’arts graphiques du musée s’agrandit également avec deux croquis japonisants de l’artiste namurois, Scène d'intérieur japonais au paravent - Jeune femme nue assise et Masque japonais - Croquis de jambeet d’une huile sur toile (vers 1874, 57 x 40 cm), La vue du village d’Èze. Cette dernière, proche de l’impressionnisme, évoque les nombreux séjours du peintre dans le sud de la France. Situé entre Nice et Monaco, le petit village perché d’Èze est considéré comme l’un des plus beaux de France. En 1868, George Sand le décrivait d’ailleurs en ces termes : « C’est bien réellement une féerie que le panorama de la corniche… Les ruines d’Eze, plantées sur un cône de rochers avec un merveilleux pain de sucre arrêtent forcément le regard. C’est le plus beau point de vue de la route, le plus complet, le mieux composé. On a pour premier plan la formidable brèche de montagnes qui s’ouvre à point pour laisser apparaître la forteresse sarrasine au fond d’un abîme dominant un autre abîme. Au-dessus de cette perspective gigantesque où la grâce et l’âpreté se disputent sans se vaincre s’élève à l’horizon maritime, un spectre colossal… C’est la Corse ». Une petite merveille que Rops semble avoir vu de ses propres yeux quelques années plus tard, sur le chemin de Monaco …

Thomas CLEEREBAUT - Conservateur adjoint, responsable des collections