Focus #25 - Félicien Rops et Joséphin Péladan
Écrivain et critique d'art originaire de Lyon, Joseph-Aimé (ou Joséphin) Péladan (1858-1918) avait 25 ans de moins que Félicien Rops (1833-1898) lorsqu'il fit la connaissance de son aîné. Péladan, profondément admiratif du travail du Namurois, se sentait son obligé et entretenait une relation de subordination avec lui, une dynamique qui perdura tout au long de leur amitié.
Témoin privilégié de la transition de Rops vers un style plus symboliste, illustré notamment par la série des Sataniques, Joséphin Péladan souhaitait tirer parti de cette relation enrichissante pour nourrir son propre développement artistique. Rops créa quatre frontispices pour les ouvrages de Péladan, lesquels étaient certainement influencés par les échanges entre les deux hommes. La correspondance entre Péladan et Rops révèle en partie cette précieuse stimulation intellectuelle et artistique.
Au-delà de la filiation esthétique, les nombreuses lettres démontrent que les deux hommes sont de grands épistoliers avec d’un côté, un artiste qui parle littérature et de l’autre, un écrivain qui s’occupe d’art.
Le sujet principal de l’abondante correspondance entre Rops et Péladan est la réalisation des quatre frontispices qui illustrent Le Vice suprême (1884), Curieuse (1886), L’Initiation sentimentale (1887) et À cœur perdu (1888). Une constante dans ces différents projets : un écrivain qui presse et un artiste qui suit le cours de ses inspirations.
En 1892, Péladan crée L’Ordre de la Rose+Croix catholique du Temple et du Graal. Dans la continuité, il met en place les Salons de la Rose+Croix auxquels participent des artistes comme Bourdelle, Ciamberlani, Delville, Fabry, Khnopff, Mellery, Minne, … Mais comme Puvis de Chavanne, Redon ou Moreau, Rops n’a jamais répondu positivement aux invitations du Sâr Péladan.
Retrouvez les oeuvres littéraires et artistiques des deux hommes conservées au musée Félicien Rops, et découvrez-en certaines dans le cadre de l'exposition-focus "Félicien Rops, Joséphin Péladan. Les vices suprêmes" (du 19 octobre 2024 au 9 mars 2025).
Thomas CLEEREBAUT, avec texte co-écrit par l'Atelier symboliste et le musée Félicien Rops - Septembre 2024