Focus #19 - Rops dans les coulisses du cirque
« Las des pédants de Salamanque. Et de l’École aux noirs gredins. Je vais me faire Saltimbanque. Et vivre avec les baladins ! », écrivait Félicien Rops en 1878. L’artiste namurois rêve en effet un temps d’abandonner sa carrière artistique pour partir sur les routes avec les gens du spectacle. Il aspire à une vie de saltimbanque mais ne l’effleure finalement que des doigts, sans jamais y succomber. Il intégrera toutefois l’univers circassien par son art, en représentant, à travers ses gravures et dessins, les coulisses de ce monde qu’il chérit. En 1874, Félicien arrive à Paris, les poches vides et le cœur gros, quittant définitivement la Belgique. Là, durant quelques mois, il fait l’expérience de la vie de bohème, lui qui menait autrefois un train de vie bourgeois et épicurien. C’est à cette époque que Paris devient progressivement la capitale du cirque et que les artistes commencent à s’identifier aux marginaux de la scène. En 1886, émerge par exemple le Nouveau Cirque qui devient, très vite, l’une des institutions les plus réputées de la capitale française. Celle-ci commande à Rops l’illustration de son programme inaugural. L’année suivante, c’est en se promenant à la foire de Neuilly que Félicien croise la route d’Elisa Guël, une haltérophile qui s’entraine pour ses « exercices de force, sans maillot ». Un dessin immortalise cette rencontre. Une œuvre circassienne qui n’est cependant pas une exception puisqu’au cours de sa carrière, le Belge réalisera « La Femme au trapèze », « L’Entracte de Minerve », « Vénus et Cupidon », « Dans les coulisses », « Folie », « La Répétition », « Exercice de force », … Par cet art, Rops est parvenu à mettre en lumière les côtés tantôt oubliés, tantôt indispensables du cirque : ses coulisses et leurs « saltimbanques », comme il aimait si bien le dire. Un monde aujourd’hui mis en avant par le musée Félicien Rops dans l’exposition « The Circus We Are », du 13 mai au 25 septembre 2022.
Ines EJJAOUANI et Thomas CLEEREBAUT - Mai 2022